
HISTOIRE &
ARCHÉOLOGIE
La Gascogne épique

Gaifier
Le riche Gaifier était qualifié soit de duc soit de roi de Bordeaux1.
Remarques
Comme Yon, Gaifier est un personnage stéréotypé dont les attributs sont hérités du personnage historique duquel il est principalement inspiré, le duc Gaïfar (du moins de ce qu’était devenu Gaïfar dans la mémoire de ceux qui vivaient à l’époque de la rédaction des chansons de geste), comme l’importance de Bordeaux ou sa grande richesse (liée à la légende de l’or de Gaïfar et de ses bracelets, devenus les fameux « baus de Gaifier » – comprendre « bracelets de Gaifier » –, des armilles en or incrustées de pierres précieuses, notamment chantées par le poète gascon Marcabru)2.
Avant de devenir ce que nous avons décrit ci-dessus, le personnage de Gaifier (alors sûrement connu sous un nom plus ancien comme Wai(o)far ou Weihfar) aurait été l’objet d’une légende plus développée qui aurait connu un certain « succès » : la diffusion de cette légende aurait été à l’origine des personnages de Walther et de Gaiferos3 ; mais en France, après cette diffusion, ses aventures seraient tombées en désuétude, ce qui expliquerait pourquoi son rôle dans les gestes connues est sans grande importance4.
AUtres heros


Sources, crédits
Auteur :
Textes de Benjamin Caùle (OCG).
Notes :
1 F. Genin : La chanson de Roland : poème de Theroulde, Paris, 1850, p. 70 ; F. Guessard et P. Meyer : Aye d’Avignon : chanson de geste, Paris, 1861, p. 145 ; R. Lejeune : « Une allusion méconnue à une Chanson de Roland », Romania, tome 75, n°298, 1954, p. 154, 155 ; A. Ghidoni : « Chansons de geste alla conquista dell’aquitania: Origini e funzioni di un segno-personaggio », in Barbieri A. et Bonafin M. (dir.) : L’immagine riflessa. Testi, società, culture. Tipologie e identità del personaggio medievale fra modelli antropologici e applicazioni letterarie, année XXIII, n° 1-2, 2014, p. 45.
2 Ghidoni op. cit., p. 44, 46 ; J. M. Ziolkowski : « Walter of Aquitaine in Spanish Ballad Tradition », in Harris J. et Hillers B. (ed.) : Child’s Children Ballad Study and its Legacies, Trier, 2012, p. 176-177 ; A. Stodet : : « À la recherche du ban perdu. Le trésor et les dépouilles de Waïfre, duc d’Aquitaine (f 768), d’après Adémar de Chabannes, Rigord et quelques autres », Cahiers de civilisation médiévale, n° 168, 1999, p. 351 ; R. Lejeune : « Pour le commentaire du troubadour Marcabru : une allusion à Waïfre, roi d’Aquitaine », Annales du Midi, tome 76, n° 68-69, 1964, p. 363-370.
3 El romance de don Gaiferos (Anonyme, première moitié du XVIe siècle). Résumé : Melisenda, fille de Charlemagne, était prisonnière des Maures d’Espagne depuis sept ans. L’empereur, tombant sur son époux Gaiferos qui jouait aux dés avec des membres de la cour, reprocha à ce dernier en le traitant de couard de ne rien faire pour la libérer. Gaiferos se justifia en disant qu’il l’avait cherchée durant trois ans sans la trouver ; mais piqué dans sa fierté, il décida de partir, seul, comme un brave, pour la ramener. Armé de l’épée Durandal et monté sur le cheval de Roland, le jeune homme atteignit ainsi le palais du roi Almanzor, où Melisenda était détenue. Les païens étaient alors à la mosquée ; Gaiferos tomba sans tarder sur Melisanda et les amants s’enfuirent. L’alarme fut donnée ; mais portés par le prodigieux cheval de Roland, Gaiferos et Melisenda parvinrent à s’échapper et se réfugièrent dans un bosquet, où Gaiferos put affronter ses ennemis un à un. Grâce à Durandal, la victoire fut pour Gaiferos et le couple put ainsi rentrer à Paris (Millet 1998). Remarques : Il existe d’autres personnages nommés Gaiferos dans les légendes ibériques, dont un Gaiferos de Mormaltàn (V. Millet : Epica germanica y tradiciones epicas hispanicas : Waltharius e Gaiferos : la leyenda de Walther de Aquitania y su relacion con el romance de Gaiferos, Madrid, 1998, p. 112), nom que certains pensent être traduisible par « Gaiferos de Mont-de-Marsan » (J. Sobota : Galiza : terra de meigas, São Paulo, 2018). Toutefois, sans démonstration, cette hypothèse reste gratuite et demande à être étudiée (cette précédente référence nous laisse circonspect. N’ayant eu accès qu’à des extraits (dont l’un contenait l’information en question) et ne maîtrisant pas la langue de rédaction (portugais) de l’auteur (ou du groupe d’auteur ?), nous n’avons pas pu évaluer son sérieux).
4 V. Millet : « Oralidad versus escritura : teoría de una incompatibilidad y el ejemplo del romance de Gaiferos », in Toro Pascua M. I. (ed.) : Actas del III congreso de la asociación hispánica de literatura medieval (salamanca, 3 al 6 de octubre de 1989), tomo II, Salamanca, 1994, p. 656. ; Millet 1998, op. cit., p. 200 ; Ghidoni op. cit., p. 48.
Sources principales :
– Turold : La Chanson de Roland, deuxième quart du XIIe siècle.
– Anonyme : Chronique du Pseudo-Turpin, avant 1206.
– Anonyme : Guy de Nanteuil, fin XIIe siècle ou début XIIIe siècle.
Données représentatrices de l’état des connaissances en : août 2022