
HISTOIRE &
ARCHÉOLOGIE
Cercles de pierres

DE MYSTÉRIEUX CERCLES DE PIERRES
Il existe en Gascogne et Pays basque, principalement dans les Pyrénées, des structures au rôle énigmatique : les cercles de pierres.
Au nombre incertain de l’ordre de quelques centaines, ces monuments sont composés de pierres plates fichées dans le sol, en quantité et de taille variables (de 3 à 75 pierres de 0,15 à 1 mètre de hauteur), circonscrivant une aire globalement circulaire de 5 mètres de diamètre en moyenne (de 1,20 à 17 mètres).
Au sein de cet espace, les fouilles – anciennes – ne livrent presque jamais rien : au total, on comptabilise un tesson de céramique, un talon de lance et une lame de couteau ou de poignard, et quelques ossements (de fins morceaux de côtes)… En revanche, le mobilier lithique est moins rare (percuteurs, racloirs et autres armatures tranchantes datables du Néolithique) et d’étranges dépôts de charbons se constatent dans la majorité des cas, allant de quelques morceaux à une poignée, tous datés par radiocarbone du 1er millénaire av. n. è.
Comme pour les tumuli, il pourrait donc s’agir de structures qui furent bâties et réutilisées pendant plusieurs millénaires. Mais plutôt que des sépultures, elles purent être des cénotaphes ou la concrétisation d’un acte rituel et/ou cultuel (par exemple : on sacrifie un individu, on en prélève une partie après crémation en guise d’offrande que l’on installe dans un site sacré). Mais tous les dépôts ne sont pas forcément funéraires, c’est-à-dire consacrés par des cérémonies : ils peuvent aussi caractériser un rejet ou un abandon (esclaves, vagabonds, enfants en bas âge, condamnés à mort, disgraciés, parias…). Ce qui fait d’une sépulture qu’elle en est une, ce sont les cérémonies qui la consacrent. Sans rites funéraires, sans rites de passage, pas de sépulture. En revanche, on peut, à l’inverse, avoir des funérailles mais pas de sépulture (corps abandonné aux vautours, etc).
La vocation cultuelle de ces cercles de pierres nous paraît, dans quelques cas au moins, privilégiée : au Néolithique, certains d’entre eux furent associés à d’autres mégalithes (dolmens, menhirs), et durant les âges du Bronze et du Fer, quelques-uns se virent recouvrir d’un tertre pour devenir des tumuli-cercles de pierres. D’autres hypothèses, complémentaires, sont souvent envisagées : lieux de réunion, marqueurs territoriaux… Ailleurs en France et en Europe, où les cercles de pierres atteignent des dimensions bien plus grandes, les traditions populaires en font des monuments liés à l’astronomie.
Quoi qu’il en soit, ces cercles jouissaient d’une aura probablement importante et certains ont même polarisé l’implantation de tumuli. C’est le cas de ce qui est sans doute le plus bel exemplaire sud-aquitain, véritable petit Stonehenge gascon : le site de Tretze Puyos (Avezac-Prat- Lahitte), cercle de 172 pierres se dressant jusqu’à 65 centimètres au-dessus du sol, délimitant un espace de 35 mètres de diamètre dans lequel sont venus s’installer un cercle de galets et trois tumuli ayant au moins connu une utilisation à l’âge du Fer. C’est également à quelques mètres de ce site, malheureusement disparu aujourd’hui, que se trouve la plus grande nécropole de tumuli sud-aquitains (44 tumuli), celle de la Coustalade (Avezac-Prat-Lahitte).

Notes, sources, crédits
Auteur :
Benjamin Caule (OCG).
Dernières modifications : avril 2022