
HISTOIRE &
ARCHÉOLOGIE
La Gascogne épique

Le chevalier chasseur
Le roi de Gascogne Héliodorus avait un fils unique qui fut élevé à la cour de son père avec les autres fils des nobles du royaume où tous reçurent l’enseignement des langues et des armes. Le fils du roi se fit particulièrement remarquer par ses qualités de guerrier qui lui firent obtenir de nombreux succès face aux royaumes voisins1. Buille Bradanaighe, le roi du Puit du Saumon, entendit parler de ses prouesses et lui proposa sa fille en mariage2. Le jeune garçon reçut également en dot trois molosses qui jamais ne manquaient leurs proies ainsi qu’un cor de chasse dont le son attirait à lui tous les animaux sauvages à portée de voix. Au cours de la fête du mariage, un héraut se leva et demanda si quelqu’un n’avait jamais vu quelque chose qui corresponde à ce palais ou à cette assemblée, à cette richesse et à cette générosité. Un étranger répondit qu’il y avait bien un endroit avec lequel aucune comparaison n’était possible : le palais de la Salle Rouge du roi Arthur, le plus grand roi du Monde. Il ajouta qu’aucun roi ni aucun chevalier ne pouvait être considéré Grand sans avoir passé au moins un an à la cour du roi Arthur. Alors le fils de Héliodorus décida d’y partir et, l’espace de ce temps, il se ferait connaître sous le nom du Chevalier Chasseur (ou Maître Chasseur). Arrivé au palais, Arthur lui demanda la raison de sa venue : le Chevalier Chasseur déclara vouloir apprendre l’art de la chevalerie-errante dans la meilleure des écoles, et ajouta que grâce à son cor magique il serait un invité des plus profitables. Arthur accepta et assigna au jeune gascon et à sa suite des quartiers dans son palais. Un jour, alors qu’il se reposait seul sur le flanc d’une colline, le Chevalier Chasseur aperçut une biche. Il se lança à sa poursuite, lâcha ses chiens, mais la biche disparut. Le lendemain se produisit le même phénomène étrange, le surlendemain également : mais alors qu’il s’enfonçait dans la forêt à la poursuite de la biche, le Chevalier Chasseur trouva une maison. Il entra ; à l’intérieur l’attendait une femme, la plus belle que le monde n’eût jamais vu. Cette dernière le félicita et le complimenta, et lui avoua que la biche qu’il poursuivait n’était autre qu’elle-même. Toute une semaine durant, le Chevalier Chasseur se rendit dans la maison et passa ses journées auprès de la Dame ; mais sa femme, suspicieuse, se mit à le suivre et fît à son tour la connaissance l’enchanteresse. Après conversation, cette dernière suivit le couple au Palais et fut introduite à la Table Ronde. Les hommes n’avaient plus d’yeux que pour elle ; alors un soir, leurs femmes, jalouses, dévoilèrent lors d’un banquet son lourd secret (qu’elle avait auparavant confié à la Gasconne avec qui elle était devenue amie ; mais celle-ci souffrait également de la situation et avait fini par tout dévoiler aux autres femmes) : ses chevilles (ou ses jambes) étaient recouvertes d’un pelage gris que nulle lame ne saurait trancher. La Dame réfuta, exposa ses jambes tout à fait normales et demanda aux autres femmes d’en faire autant : c’était elles qui portaient un pelage gris ! La Dame, qui révéla son nom, Ailleann la Radieuse, congédia les traitresses et offrit aux hommes de la suivre dans son royaume de l’Autremonde où ils pourraient choisir de nouvelles épouses, ce qu’ils firent suite à quelques péripéties3.
AUtres heros
Sources, crédits
Auteur :
Textes de Benjamin Caùle (OCG).
Notes :
1 J. Fraser : « The Prince of Gascony », Arthuriana, (1928-1930), vol. 2 (January 1929-June 1930), 1930, p. 30.
2 J. Matthews : The Book of Arthur : Lost Tales from the Round Table, London, 2002, p. 75.
3 J. Fraser, op. cit.
Sources principales :
– Anonyme : Sgél Iosgaide Léithe (The story of Iosgaid Liath), XVe siècle.
– Anonyme : Céilidhe Iosgaide Léithe (The visit of Iosgaide Liath ou The visit of the Grey-Hammed lady), XVe siècle.
Données représentatrices de l’état des connaissances en : août 2022