LANGUE & LITTÉRATURE

Le vasco-aquitain


Introduction

Le vasconique [ou vascon*] et l’aquitain sont deux variétés linguistiques régionales documentées par l’onomastique antique et qui, pour des raisons géographiques, historiques et surtout linguistiques, constituent les phases antérieures de la langue basque. En ce sens, la langue basque présente une situation antagoniste à celle du reste des langues paléo-hispaniques connues, puisque si celles-ci, après avoir laissé un plus ou moins grand nombre de textes épigraphiques en témoignage d’elles-mêmes se sont éteintes sous la pression latine, la langue basque, qui a réussi à survivre à l’extinction de toutes les langues méditerranéennes et de nombreuses langues européennes face à la romanisation ou à la germanisation ultérieure, n’a cependant pas laissé de textes épigraphiques antiques. En cela, cette situation ressemble à celle de deux autres régions européennes, l’Illyrie et surtout la Bretagne. Malgré la forte romanisation de la partie sud de la Grande-Bretagne et la germanisation qui a suivi, le gallois et le cornique (ce dernier aujourd’hui disparu) ont maintenu la présence du celtique breton parlé sur l’île avant l’arrivée des Romains. Cette variété linguistique n’est connue que par du matériel onomastique et peut-être deux inscriptions du sanctuaire de Bath, dont la provenance gauloise n’est pas exclue1. Il s’agit d’une situation très similaire à celle de la langue vasconico-aquitaine, uniquement connue par des légendes monétaires, des noms de personnes et de divinités transmis par des épigraphes latines, auxquelles s’ajoutent quelques noms de lieux obtenus à partir de sources gréco-latines. Parmi les rares textes épigraphiques trouvés sur son territoire, certains sont manifestement étrangers et d’autres peuvent être attribués sans équivoque à une variété linguistique basque. De même, le fait que sur le territoire antique d’Illyrie soient documentées à partir du XIe siècle les premières mentions de la langue albanaise, suivies un peu plus tard par du matériel onomastique, des gloses et des textes courts, constitue un parallèle à la situation historique qui s’est produite sur le territoire basque, où il y eut aussi une longue période sombre entre l’Antiquité et les premiers témoignages médiévaux. Contrairement au cas basque, cependant, où les relations linguistiques entre le vasconique et l’aquitain, d’une part, et la langue basque historique, d’autre part, sont incontestables, la relation entre l’illyrien et l’albanais manque d’évidence totalement univoque, même s’il s’agit d’une hypothèse plausible2.

On appelle aquitain la langue autochtone d’Aquitaine, d’après le témoignage de César lors de la conquête de la Gaule et de Strabon au temps d’Auguste. Les deux auteurs mentionnent explicitement la particularité ethnique des Aquitains, qui selon César diffèrent des Gaulois et des Belges par leur langue, leurs institutions et leurs lois (Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt3). Strabon développe, arguant une plus grande ressemblance des Aquitains avec les Ibères non seulement dans la langue, mais aussi dans l’aspect physique. Les deux auteurs conviennent également que les limites géographiques de l’Aquitaine sont données par la chaîne des Pyrénées au sud, le cours de la Garonne à l’est et au nord, et l’océan Atlantique au l’ouest, configurant ce qu’on a appelé le « triangle aquitain ». Strabon nous apprend qu’Auguste, dans son remaniement des provinces de l’Empire autour de l’an 15 av. n. è., a ajouté à l’Aquitaine primitive quatorze tribus gauloises d’entre Garonne et Loire, de sorte que le nom primitif a été appliqué durant le Haut Empire à un très vaste territoire, majoritairement de langue gauloise. Le remodelage de Dioclétien dans la dernière décennie du IIIe siècle a redonné à l’ancienne Aquitaine césarienne son statut de province sous le nom de Novempopulanie, décision administrative à laquelle se réfère une inscription votive unique trouvée à Hasparren4.

Focus :

Les Aquitani : aux sources de l’ethnogenèse gasconne

Avec le terme vasconique, nous nous référons à la langue indigène des Vascons, peuple hispanique situé sur le territoire correspondant à la Navarre et ses zones voisines, sur la base de l’identification dans les sources classiques des villes dites vasconnes. Les Vascons sont mentionnés pour la première fois par Salluste en référence aux événements de la guerre sertorienne (entre 82 et 72 av. n. è.). Après l’inclusion du territoire dans l’organisation impériale romaine, politiquement structurée autour des ciuitates, l’ethnie tomba en désuétude, son usage se limitant durant le Haut Empire à la dénomination de certaines unités militaires situées dans des lieux frontaliers de l’Empire, comme en Bretagne ou en Germanie. Le terme réapparaît dans les sources littéraires du IVe de n. è. – dans un poème de Prudence ou dans une correspondance entre Ausone et Paulin de Nole –, dans lequel les Vascons sont caractérisés comme un peuple « féroce » et non civilisé, une vision qui se transmettra aux sources mérovingiennes et wisigothiques postérieures des VIe et VIIe siècles, où le terme a déjà un fort contenu ethnique et politique. Les lettres latines médiévales utilisent le terme vasconice pour désigner des témoignages « en langue basque », en opposition à romanice, qui fait référence aux déclarations « en langue romane ». Du premier vient vascuence, le mot espagnol traditionnel pour désigner la langue basque. Avec le terme vasconique (anglais vasconic)5 nous voulons identifier la langue des anciens Vascons, en la différenciant du basque ou basque historique (vasco), dont les témoignages sont documentés depuis le Moyen Âge jusqu’au présent.

L’aquitain et le vasconique ont tous deux des liens étroits et exclusifs avec la langue basque historique, il n’y a donc aucun doute à les classer comme langues ou variétés appartenant à la même famille. La nature de ces relations sera discutée plus loin. D’autre part, l’idée que la langue basque soit une langue isolée d’un point de vue génétique, sans relation avérée avec aucune autre langue dans le monde, est largement acceptée, malgré les nombreuses tentatives au cours des deux derniers siècles pour la relier à différentes langues et familles. Parmi les essais comparatifs, ceux qui se sont efforcés de trouver des relations entre le basque et l’ibère, la langue non indo-européenne dont la documentation épigraphique est la plus abondante de l’Hispanie préromaine, se sont toujours distingués, tant par la proximité géographique des langues que par certaines similitudes typologiques. Il ne fait aucun doute que la tâche comparative entre basque et ibère ou entre vasconico-aquitain et ibère se heurte à de sérieux problèmes, du fait que la langue ibérique n’est pas déchiffrée et que la ressemblance superficielle d’éléments onomastiques ne garantit pas l’identité des significations. Mais même dans ces conditions, on ne trouve pas de morphèmes nominaux, pronominaux ou verbaux dans les textes ibériques qui puissent être identifiés dans la forme et la fonction avec d’éventuels corrélats basques, de sorte que la langue basque n’a eu que peu ou pas de valeur pour avancer dans la compréhension de l’ibère, contrairement à ce qui s’est passé dans le domaine celtibère, où les inscriptions ont été clarifiées par la comparaison avec d’autres langues celtiques et la grammaire indo-européenne.

Focus :

La Main d’Irulegi

La documentation épigraphique et onomastique

Comme ni en Aquitaine ni en Vasconie nous n’avons d’inscriptions attribuables sans équivoque aux variétés anciennes de la langue basque [hormis la récente découverte de la main d’Irulegi, NDT], nous manquons d’une aire épigraphique bien définie qui soit le reflet minimum et sûr de l’extension de la langue. Il faut alors se servir du négatif, c’est-à-dire de ce territoire vide d’inscriptions indigènes dans lequel les inscriptions attribuables à d’autres langues voisines n’entrent pas systématiquement.

Carte n° 1 : inscriptions indigènes sur le territoire vasco-aquitain et les zones limitrophes.

Ce vide épigraphique est bien visible en Aquitaine, dont le territoire est exempt d’inscriptions gauloises toujours situées de l’autre côté de la Garonne (chez les Bituriges Vivisci ou les Nitiobroges, par exemple)6 et d’inscriptions ibériques, qui se limitent aux zones côtières de la Narbonnaise, les grottes de Cerdagne et l’enclave intérieure de la Vieille Toulouse7. Les seules épigraphes indigènes d’Aquitaine ont été retrouvées sur deux fragments d’une phiale en argent provenant d’une tombe princière de Vielle-Tursan (Landes), que des recherches archéologiques et philologiques récentes ont identifié comme des produits de luxe d’origine ibérique, fabriqués dans le Levant hispanique [ainsi que, peut-être, sur le Disque de l’Eyre, NDT].

Focus :

Le Disque de l’Eyre et les inscriptions protohistoriques d’Aquitaine

(à venir)

Le triangle aquitain a fourni, en revanche, de nombreux matériaux onomastiques, constitués de noms de personnes et de divinités, transmis en épigraphes latines de la haute période impériale, entre les Ier et IIIe siècles, qui sont un reflet fidèle de la langue autochtone de la région. Tout le territoire n’est pas homogène en termes de répartition des preuves onomastiques ; cela dépend d’abord de la répartition des supports épigraphiques latins eux-mêmes, principalement des pierres tombales et des autels votifs. Une carte de localisation des épigraphes latines nous montre une nette différence entre l’est de l’Aquitaine, formé par les vallées pyrénéennes des affluents de la Garonne et la plaine du Gers au nord, et l’ouest de l’Aquitaine, auquel se rattachent les terres drainées par l’Adour et les marécages de la zone peu peuplée des Landes. A la partie orientale de l’Aquitaine appartiennent les peuples pyrénéens des Conuenae et des Consorani, ainsi que les Ausci de la plaine, qui selon Strabon étaient les plus importants des Aquitains. Leurs territoires ont fourni une grande quantité d’épigraphes latines, non seulement dans leurs centres urbains respectifs, Lugdunum Conuenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) et Elimberris Auscorum (Auch), mais aussi dans tout le territoire rural relevant de leur juridiction, surtout dans les hautes vallées pyrénéennes. L’Aquitaine occidentale, en revanche, est plus parcimonieuse en épigraphes, se limitant généralement aux centres urbains des ciuitates, comme Aquis Tarbellicis (Dax) ou Atura (Aire-sur-Adour). Cette distribution de l’épigraphie latine en Aquitaine est un échantillon du caractère plus romanisé de la zone orientale, limitrophe de la province de Narbonne, qui avant la conquête avait des contacts commerciaux plus étroits avec les sociétés méditerranéennes avancées8.

Si l’on s’en tient maintenant à la répartition de l’onomastique indigène véhiculée à travers les épigraphes latines, la différence est encore plus grande, parce qu’elle se limite presque exclusivement à la partie orientale, à l’exception des dédicaces à deux divinités indigènes de la zone occidentale. Le fait de trouver la plus grande fréquence des noms de personnes indigènes dans la région la plus romanisée d’Aquitaine peut sembler paradoxale : cette abondance est due au fait que l’habitude épigraphique a atteint de nombreuses couches de la population pérégrine, qui conservaient encore leurs noms indigènes, alors qu’à l’ouest l’habitude épigraphique était limitée aux ciues romani et à leur cercle d’influence proche, à en juger par la documentation épigraphique conservée.

Carte n° 2 : répartition des anthroponymes aquitains et vasconiques documentés dans les inscriptions latines de l’époque républicaine et impériale.
Carte n° 3 : répartition des théonymes aquitains et vasconiques documentés dans les inscriptions latines de l’époque impériale.

En l’absence d’aire épigraphique indigène, nous avons un ensemble de noms propres indigènes, que nous ne pouvons cependant pas tous attribuer à la langue aquitaine autochtone, puisque dans cet ensemble au moins deux groupes bien différenciés sont perçus en termes de leur origine linguistique : a) certains sont gaulois, semblables à ceux attestés ailleurs en Gaule, et b) d’autres sont exclusivement locaux et explicables à travers la langue basque. Chez les Gaulois on trouve des composés comme Casidanni, Cintugnati Dannorigis, etc., ou des dérivés simples comme Camuli, Dannoni, Sintus, Trocci, etc., construits sur des éléments onomastiques gaulois bien connus (cintu– « premier », gnato– « né », danno– « juge » ou désignation de magistrat, donno– « noble », rig– « roi » ; camulo– « serviteur », litano– « large », sentu– « chemin », trougo– « malheureux »). Ci-dessous, nous donnerons un compte rendu des noms aquitains. En général, il est possible de faire une classification sans trop de problèmes, en raison de la structure morphologique et phonologique différente des langues supportées par les deux groupes, le gaulois celtique d’une part et le basque de l’autre, que nous connaissons bien, mais dans les noms courts et dans ceux aux caractéristiques ambiguës ou peu révélatrices, la classification devient plus précaire. Nous reviendrons plus loin sur ce problème.

Concernant la localisation des noms aquitains, à l’est ils ne dépassent pas les limites provinciales, sauf dans des cas isolés explicables par la mobilité des individus (la dédicace à Herculi Ilunno Andose de Narbonne) et au nord leur fréquence diminue à mesure qu’ils s’éloignent des Pyrénées sans jamais atteindre les terres les plus proches de la Garonne ; la région bordelaise est un territoire gaulois ; les rares témoignages des Landes, du Béarn et du Pays basque sont attribués à cette aire d’appellation aquitaine.

La situation linguistique des Pyrénées occidentales au sud de la chaîne, dans le territoire basque et ses environs, est beaucoup plus complexe que celle de l’Aquitaine en raison de plusieurs facteurs : en premier lieu, bien que la monnaie ibérique existe et que certains textes indigènes fragmentaires soient documentés, les informations linguistiques obtenues à partir d’eux, en plus d’être rares, ne sont pas très caractéristiques ; en ce qui concerne l’onomastique personnelle, le territoire basque à l’époque impériale fournit un ensemble de noms indigènes beaucoup plus restreint que l’Aquitaine, ce qui est l’indice d’une romanisation relativement précoce, si on le compare à la situation offerte par les données républicaines et surtout par les noms transmis dans le bronze d’Áscoli daté de 89 av. n. è. (CIL I2, 709) ; enfin, les documents font état de la présence de plus d’une langue sur l’ensemble de ce territoire, le basque étant l’une d’entre elles, avec des témoignages onomastiques celtiques dans les régions les plus occidentales et ibériques plus à l’est. Comme dans les régions moins romanisées de l’Aquitaine atlantique, le versant cantabrique présente également le paradoxe de fournir des noms presque exclusivement latins en l’absence de noms indigènes. Ceux-ci, des noms d’origine celtique pour la plupart, sont documentés dans le versant sud cantabrique appartenant aux Caristes et Vardules. Dans la région d’Estella, une curieuse répartition est documentée mêlant des noms de personnes ayant des liens avec la région des Vardules et des noms de divinités d’origine euskarienne. Les découvertes épigraphiques récentes de la zone des hautes vallées de Cidacos et Linares de Soria ont fourni des noms de personnes d’affiliation basque. Les épigraphes paléo-hispaniques bien identifiées des zones voisines montrent la présence de la langue celtibère sur le territoire de Berón, plus précisément à Vareia (une ancienne ville sur les rives de l’Èbre, auparavant située à La Custodia, Viana, Navarre, d’où une série de tesselles vient du celtibère), et de langue ibérique dans la région de l’Èbre moyen, vers Saragosse, l’ancienne Salduie. Comme on l’a déjà dit, les textes indigènes du territoire sont très peu informatifs du point de vue linguistique. En revanche, la présence de témoignages ibériques peut être interprétée davantage comme un phénomène de diffusion culturelle que comme le reflet de la présence de communautés ibériques. L’adoption phonétique des habitudes articulatoires vasconnes subies par certains noms d’origine ibérique, comme Ordunetsi ou Urchatetelli, est un exemple de la présence de ladite onomastique ibérique dans un environnement linguistique vascon.

Histoire de la recherche sur la langue vasconne

Malgré les informations de Strabon selon lesquelles les peuples aquitains sont plus proches des Ibères que des Gaulois, l’érudition de la Renaissance a traité les Aquitains comme faisant partie de la Gaule et les Vascons comme le peuple qui avait maintenu l’ancienne langue pré-romaine de la péninsule. La présence de la langue basque dans les provinces basques continentales du Labourd, de Basse Navarre et de Soule a été expliquée comme une conséquence des incursions basques vers le nord à l’époque mérovingienne, en prenant comme source l’histoire de Grégoire de Tours (Historia Francorum, année 587)9 ; c’est l’idée d’A. Oihenart qui résiste aux investigations de Humboldt et de Luchaire. De manière complémentaire, l’érudition de la Renaissance considérait la langue basque comme la descendante de l’ancienne langue universelle et générale de la péninsule, et a ainsi posé les Pyrénées comme une barrière linguistique et culturelle qui plaçait les Gaulois Celtes au nord et les Vasco-Ibères non indo-européens au sud.

Il convient de mentionner W. von Humboldt, dont l’œuvre Prüfung (1821)10 a été extrêmement influente pour l’investigation des antiquités hispaniques, en raison de sa richesse en données comparatives, en commentaires méthodologiques et en recherches historiques et ethnologiques. Cependant, les chercheurs ultérieurs n’ont retenu que son idée de l’identité basco-ibérique. Humboldt a lié l’Aquitaine à la péninsule ibérique et en a fait une partie intégrante de l’ancien territoire basque. Il réunit quelques toponymes aquitains qui présentaient des similitudes frappantes avec d’autres noms hispaniques, comme Calagorris, aujourd’hui Saint-Martory (HG) (Itin. Ant.) et Calagurris le long de l’Èbre, aujourd’hui Calahorra ; Elimberrum, capitale des Auscii (aujourd’hui Auch), identique aux Ilumberri de Navarre et aux autres Iliberri espagnols ; Iluro, aujourd’hui Oloron, et Iluro des Cossetani (sur la côte catalane) ; Bigerri, village situé en Bigorre, dont l’étymologie basque donnait à coup sûr (bi “deux” gora “en haut”). Il ajoute en plus un argument négatif : l’absence de véritables toponymes celtiques se terminant par –briga, –dunum, –magus ou –vices.

La connaissance de la situation linguistique a subi une avancée cruciale avec l’enquête menée par l’archiviste A. Luchaire dans le dernier quart du XIXe siècle, notamment grâce à son article Les origines linguistiques de l’Aquitaine11 où il parvient à présenter les données de manière propre, claire et convaincante. Tout d’abord, il recueille tous les noms propres de personne et de divinité transmis en épigraphes latines, en y ajoutant pour la première fois un essai d’explication linguistique. Deuxièmement, il établit une relation entre les noms anciens et ceux attestés dans les lettres médiévales, montrant une continuité ininterrompue entre les temps anciens et modernes, où la documentation basque médiévale fonctionne comme un maillon de la chaîne. Enfin, il attire l’attention sur les traits les plus marquants de la langue basque et de la langue gasconne – dont le domaine territorial coïncide avec celui de l’ancienne Aquitaine -, afin que l’on puisse comprendre les similitudes entre elles comme le résultat d’un processus de substitution de l’un (vasco-aquitain) par l’autre (latin-gascon), explicable en termes de substrat linguistique. Les réalisations de Luchaire ont été unanimement acceptées par les recherches ultérieures, bien qu’immergées dans la théorie plus générale du basco-ibérisme. Ainsi, E. Hübner, l’auteur de Monumenta Linguae Ibericae, a utilisé le matériel aquitain recueilli par Luchaire comme s’il était proprement ibérique, et le grand romaniste H. Schuchardt a avancé des explications sur les noms ibériques du bronze d’Áscoli au moyen de comparaisons avec les noms aquitains et la langue basque.

La nouvelle grande avancée dans notre connaissance des langues indigènes péninsulaires est due au déchiffrement de l’écriture ibérique par M. Gómez Moreno en 1925 et les années suivantes. Les conséquences importantes du décryptage sont :

a) la présence de deux langues complètement différentes, le celtibère et l’ibère, dans les inscriptions indigènes qui étaient auparavant considérées comme appartenant à une seule langue,

b) la stérilité de la comparaison basque appliquée à la compréhension des textes ibériques, qui restaient aussi obscurs qu’autrefois, malgré le fait que les textes pouvaient désormais être lus avec des garanties.

La première des conséquences citées a été acceptée par tous les chercheurs et s’est traduite par la division bipartite de la péninsule en une Hispanie indo-européenne, caractérisée par la diffusion des toponymes en –briga, et une Hispanie non indo-européenne avec toponymes en –ili, –ilu, comme en témoignent les cartes de répartition publiées dans les années 1960 par J. Untermann. En revanche, l’idée d’un rapport entre basque et ibère n’a jamais totalement disparu, bien que le déchiffrement ait apporté un discrédit certain à la pratique méthodologique consistant à apparier mécaniquement des mots superficiellement identiques. Les chercheurs cherchent désormais à comprendre les textes par voie interne, en utilisant des techniques d’analyse philologique et de combinaison de morphèmes sans faire directement appel au lexique basque. Ces découvertes ont eu un double effet sur la position de la langue basque : d’une part elles ont défait son apparenté supposée avec la langue ibérique telle que défendue par l’hypothèse basco-ibérique traditionnelle, d’autre part elles ont renforcé les liens avec la variété linguistique aquitaine, faisant de la langue basque non pas la langue universelle et générale de la péninsule ibérique mais une langue fondamentalement pyrénéenne, pour certaines même strictement continentale.

Ainsi, en ce sens, Gómez Moreno soulignait déjà que les témoignages de matériel basque au sud des Pyrénées et surtout au Pays basque étaient inexistants ou très rares, par rapport à leur abondance en Aquitaine. Pour cette raison, certains auteurs ont proposé le caractère continental de la langue basque, c’est-à-dire que le foyer originel de la langue était en Aquitaine, et ce n’est que plus tard, probablement à la fin de l’Antiquité, qu’il aurait percé les Pyrénées au sud. C’était l’opinion de U. Schmoll12, et c’est l’opinion actuelle d’autres chercheurs tels que J. Abaitua, M. Unzueta et F. Villar13.

Au cours des trois dernières décennies, les découvertes épigraphiques, concernant à la fois des textes en écriture paléo-hispanique et de l’onomastique indigène en écriture latine, ont radicalement changé le panorama du territoire vascon. La stèle de Lerga, les inscriptions de la région des Cinco Villas de Aragón et surtout les autels votifs à théonymie vasconne de la région d’Estella ont a fourni un matériau onomastique avec des liens évidents à la fois avec le basque et l’aquitain. À cet ensemble s’est récemment ajouté un groupe de noms personnels situés dans les hauts plateaux de Soria, à la source des rivières Cidacos et Linares, territoire qui appartenait à la juridiction de la ville vasconne de Calagurris.

Fig. n° 1 : stèle de Lerga, Navarre. Lecture : Ummesahar fi(lius) // Narhungesi Abi/sunhari filio /ann(orum) XXV t(itulum) p(osuit) s(umpto) s(uo).

Histoire des recherches sur l’aquitain

L’onomastique aquitaine, après les études pionnières d’A. Luchaire, a reçu une explication linguistique satisfaisante de L. Michelena dans son article “De onomástica aquitana” (Pirineos 1954, 409-458), où il a analysé les éléments constitutifs des noms, les modes de formation et ses caractéristiques phonétiques, en les reliant aux phénomènes de la langue basque. Le travail a été poursuivi dans la monographie de J. Gorrochategui, Onomástica indígena de Aquitania (1984), qui compile de manière exhaustive tous les noms des peuples indigènes et des divinités d’Aquitania novempopulana, à la fois aquitains comme gaulois, suivi d’une étude linguistique. L’ouvrage comprend également les quelques noms vasconiques connus à cette époque.

La publication de la découverte du trésor de Hagenbach (Bernhard et al., 1990) a fourni un nouveau matériel onomastique aquitain de grand intérêt linguistique, qui a été analysé par J. Gorrochategui (Gorrochategui 2003). Les plaques fournissent non seulement des noms jusque-là inconnus, mais aussi des variantes graphiques de noms déjà connus, qui soulèvent des questions linguistiques d’une certaine importance telle que l’existence d’une palatalisation expressive et son annotation graphique. Cet article et d’autres sur des aspects spécifiques de l’onomastique aquitaine sont inclus dans le livre de B. Urgell et J. M. Vallejo (Urgell et Vallejo 2018).

Un état très actuel de la question est traité dans deux articles récents de J. Gorrochategui : « La lengua vasca en la antigüedad » (Gorrochategui 2018), et Aquitano y Vascónico (Gorrochategui 2020).

La documentation vasconne a reçu une attention particulière de J. Gorrochategui (Gorrochategui 1987) et plus tard par J. L. Ramírez Sádaba (Ramírez Sádaba 1992). Elle a également été traitée, dans un cadre pyrénéen plus général, par J. de Hoz (de Hoz 1995). La spécificité des peuples des hautes vallées du Cidacos et de Linares, d’un point de vue culturel et épigraphique, a été mise en avant par U. Espinosa et L. M. Usero (Usero 1988), tandis que l’origine vasconne de son anthroponymie personnelle a été traitée par J. Gorrochategui (Gorrochategui 2009).

Sur les relations linguistiques de la langue basque avec l’ibère, voir l’ouvrage récent de E. Orduña (Orduña 2019), dans lequel l’auteur passe en revue les arguments utilisés dans les différentes phases de la théorie basco-ibérique. Pour les relations linguistiques entre le basque et l’aquitain et leur position par rapport à la langue basque historique, voir J. Gorrochategui (Gorrochategui 2022).

Ces dernières années, des textes paléo-hispaniques et des inscriptions latines à onomastique indigène ont été mis à la disposition du public en ligne. Pour les textes paléo-hispaniques, nous disposons de la base de données Hesperia Paleohispanic Languages and Epigraphy, dans la zone épigraphique E de laquelle sont collectés les quelques textes non celtibères de Navarre. La banque numismatique rassemble toute les monnaies à légende paléo-hispanique de la région, tandis que dans la banque de noms, la répartition des noms propres peut être consultée. Cette documentation numismatique et onomastique peut également être consultée dans deux publications : Estarán et al. 2015 et Vallejo 2016. Enfin, le site de E. Orduña propose une base de données d’inscriptions aquitaines avec des noms indigènes aquitains.

description linguistique

Parmi les noms à diffusion exclusivement limitée au territoire aquitain, on peut dénombrer un large ensemble qui présente des similitudes très évidentes avec les termes basques.

– Noms formés sur des désignations d’individus ou de parenté : Cison, Cisson-bonnis (gen.), Cison-ten, pour les noms masculins (cf. basque gizon « homme, mâle ») ; Andere, Andere-ni (dat.), Andere-seni (dat.), Andre-cconi (dat.), pour les noms de femmes (basque andere « dame ») ; Sembe-coni (dat.), Sembe-tar, Sembe-tennis (gén.), Sembus, toujours comme noms masculins (cf. basque seme « fils ») ; Seni-cco, Seni-tennis (gén.), Seni-xsonis (gén.), chez les hommes (cf. basque sehi « garçon ») ; Hanna-bi (gen.), Hanna, Hanna-c(o), cf. basque anaïa « frère », et le nom féminin Nescato (cf. basque neska, neskato « fille »).

– Noms sur désignations animales : Aher-belste (theonyme), cf. basque akher « bouc » ; Asto-ilunno (théon.), cf. basque arsto, asto « âne » ; Harsi (gen.), Hars-pi (gen.), cf. basque hartz « ours » ; Heraus-corritsehe (théon.), cf. herauts « sanglier » ; Oxson, cf. otso « loup ».

– Théonymes sur les désignations d’arbres : [H]arexo, Arixoni, cf. basque hareitz « chêne »; Artehe, Artahe, cf. basque arte « chêne » ; peut-être Leherenn, cf. basque leher « pin ».

– Autres noms : Belex, Belex-conis (gen.), Belex-eia, Bon-belex, Har-belex, cf. basque Bel-, beltz « noir » ; théonymes Bai-gorixo, Lur-gorr, Heraus-corri-tshé, cf. basque gorri « basque « rouge, pelé » ; Iluni, Ilunni (théon.), cf. basque Il(h)un « foncé » ; enne-box, cf. le nom basque médiéval Enneco.

Le noyau des noms aquitains est formé d’éléments bien liés aux mots basques communs. D’autres noms, cependant, n’ont pas d’étymologie basque connue, bien qu’ils aient des caractéristiques phonétiques et morphologiques inconnues ou très rares en gaulois, mais tout à fait compatibles avec celles définies pour la langue basque.

Fig. n° 2 : autel dédié à Hercule Ilun Andos (Narbonne). Lecture : Cn(aeus) Pompée / Cn(aei)l(ibertus) Hyla / Herculi / Ilunno Andose / v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito).

En premier lieu, concernant le type de formation nominale, l’Aquitain est riche en noms dérivés, tandis que le nombre de noms composés est faible et limité presque exclusivement aux noms de divinité. Seuls des suffixes sont attestés ; les préfixes, si abondants en gaulois (cf. uer-, com-, ad-, an-, at(e)-, eni-, ro-), sont inexistants. Concernant leur structure, certains ont un aspect de simple allongement, consistant en une consonne nasale (-nn, –enn) ou sifflante (-xs, –ass, –iss), tandis que le reste présente un motif -KV(R) : –co, –to, –ten, –tar, où la première consonne est sourde.

Avec les mots dissyllabiques se terminant par une voyelle (tels que sembe-, ombe-, seni-, neska-, arte-, hanna-, berri-, gorri-, enne-, erhe-, gere-, lohi-) ou en consonne non-occlusives (andox-, belex-, berhax-, cis(s)on-, edun-, harex-, hahan-, hauten-), il existe un petit ensemble de noms monosyllabiques, avec une structure de consonne + voyelle + consonne non-occlusive : bon-, bors-, hals-, har-, hars-, hiss-, tals-.

Si l’on regarde l’inventaire des phonèmes et leurs combinaisons représentées dans les noms aquitains, les traits suivants ressortent :

Le système consonantique s’articule par une opposition d’intensité qui oppose des consonnes fortis (fortes) à des consonnes lenis (douces). Les premières sont généralement écrites via les consonnes latines sourdes, parfois accompagnée d’aspiration, tandis que les secondes sont adaptées via les consonnes voisées, bien que parfois en position initiale elles paraissent sourdes. Chez les sonantes, surtout pour la nasale /n/, l’opposition est notée par la géminée NN pour l’articulation tendue et par le simple N pour l’articulation douce, tandis que que pour les sifflantes, l’orthographe X(S) est utilisée pour la variante forte et articulée probablement comme un affriqué, et le S pour la variante douce articulée comme une fricative. Il n’y avait pas de fricatives /f/, /θ/, /x/ (seule la première fera plus tardivement partie du système basque). Nous attirons l’attention sur le fait que le seul phonème labial vraiment fonctionnel était /b/, puisque /p/ et /m/ étaient marginaux. Ce système est identique ou très proche de celui du proto-basque reconstruit à partir des dialectes basques historiques.

L’opposition de tension dans les sonantes /n, r, l/ est limitée à la position intervocalique, tandis qu’en partie initiale du mot on ne trouve que la variante lenis et en partie finale du mot ou du radical (avant les terminaisons latines) la variante fortis.

Initial : Nescato, Narhonsus, en médial : Seni-, Dunoho– vs. Hanna-, Enne– ; en fin de mot : Sembetennis, Edunnis, Hahannis, etc.

Les sifflantes se comportent de la même façon, s’opposant en milieu de mot et se neutralisant dans l’initiale au profit des fricatives et dans la fin du sujet en faveur des affriqués.

Initial S : Sembe-, Seni-, Silex-, en médial : Cison, Sosonnis vs. Oxson, Anderexso ; en fin de mot : Belex, Berhaxsis, Silexsi.

Certains des traits caractéristiques de l’Aquitaine, par opposition aux langues voisines, étaient :

A) Large présence de H dans toutes les positions du mot, surtout en initiale (Hautense, Harsi) et entre les voyelles (Aherbelste). Elle est surtout fréquente entre voyelles identiques (Uloho-, Hahan-, Leherenn) et après-sonnantes (Erhexo-, Lelhunn-), bien qu’elle ne soit parfois pas notée (Ereseni, Leren). Contrairement au basque historique, l’aspiration n’était pas limitée aux deux syllabes initiales du mot ou à une seule aspiration par mot (par exemple Hahanten). L’aspiration est un trait qui caractérise l’aquitain, le rapprochant de la langue basque et le séparant des langues environnantes telles que le gaulois, le celtibère et l’ibère.

Fig. n° 3 : autel dédié à Aherbelste (Landorthe, Haute-Garonne). Lecture : Aherbel/ste deo / Senius et / Hanna / Procul (si ?).

B) Rareté du M. Dans les noms d’origine aquitaine, /m/ est particulièrement rare. En début de mot, il n’est documenté que dans Monsus, qui est une variante du Bonxus commun. En médial il est presque limité au groupe –mb– (Sembe-, Ombe-), où il est compris comme un allophone de /n/ devant labial. Par contre, /m/ est très fréquent dans les noms gaulois (Matico, Dunomagius, Solimuti, etc.). Le M intervocalique de Somenaris, s’il est aquitain, s’explique par l’influence du /n/ de la syllabe suivante ; cela rappelle un changement identique qui s’est produit en basque : Lat. vagina > magina, Lat. vindicare > mendekatu, *bini > *mini > mihi « langue » dans le lexique patrimonial.

C) Absence de R- initial. Dans le corpus des noms indigènes d’Aquitaine, composé d’environ 600 noms, un seul commence par R-, et il est d’origine gauloise : Remo (dat.), un individu de la ville des Remi. Ce phénomène différencie l’aquitain du reste des langues celtiques voisines, comme le gaulois, qui n’avaient pas cette restriction. C’est une caractéristique que l’aquitain partage avec l’ibère et avec le basque historique, qui l’a maintenu jusqu’à aujourd’hui, cf. Lat. rota(m) > errota « moulin » ; rege(m) > errege « roi ».

Les textes

Comme nous l’avons dit précédemment, le seul texte indigène retrouvé en Aquitaine à ce jour (la phiale de Vieille-Tursan) est écrit en ibère et correspond à une production artisanale du Levant ibérique. Tous les textes paléo-hispaniques du territoire basque ne sont pas non plus exempts du soupçon d’être des textes importés ou d’avoir été écrits par des étrangers.

Les textes trouvés à ce jour sont les suivants :

– Bronze d’Aranguren (NA.05.01). Opistographe et sévèrement mutilé : les séquences conservées ne permettent d’identification claire avec aucune des langues connues, bien que l’existence probable de signes à deux trilles le distinguerait du celtibère, à la sphère duquel cependant le matériau du support le rattache : le bronze.

– Pierre tombale d’Olite (NA.06.01). Conserve uniquement la séquence ]en : s[ dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. La grande ampleur des lettres nous oblige à penser à une grande pierre tombale, écrite in situ. La séquence est peu compatible avec la langue celtibère, tant par la fin que par le début du mot, et est compatible à la fois avec l’ibère et le vascon.

– Pierre tombale de Cabezo Lobo, Bardenas Reales (NA.12.01). Texte ou textes difficiles en écriture latine, avec des séquences sans précédent ; la présence de p, l’initiale r– et la séquence –cr– ne correspondent pas au vascon ni à l’ibère.

– Graphite d’Alfaro (LO.04.02). La légende lueikar[, expression probable de la propriété, n’a pas de bons parallèles, bien que la terminaison –kar, si elle est complète, soit très fréquente comme terminaison de NP dans l’onomastique ibérique.

– Mosaïque de Muruzábal d’Andión (Andelo) (NA.03.01). C’est le seul texte complet et bien lisible (like:abuloŕaune:ekien:bilbiliaŕs), avec des relations linguistiques et matérielles évidentes avec la mosaïque de Caminreal. Son appartenance linguistique est débattue : bien qu’il soit généralement considéré comme un texte ibérique, il existe des opinions qui le considèrent comme une preuve de la langue basque locale. Les noms personnels renvoient à l’onomastique celtibère, puisque likine est bien expliqué comme une forme ibérique du nom celtibère likinos, tandis que abuloŕaune, avec une terminaison peu claire –ŕaune , fait également référence au nom personnel celtibère abulu. De même, la séquence bilbiliaŕs est basée sur le toponyme Bilbilis, présent en territoire celtibère, bien que son nom ne le soit pas. ekien paraît comme un terme éminemment grammatical, en relation évidente avec l’ekiar ibérique. Sa forme, apparente à la forme du passé basque (zegien « il l’a fait »), ainsi que le lieu même de la trouvaille, permettent de le considérer comme un texte basque, même s’il lui manque une syntaxe ergative. Toutes ces circonstances font de ce texte un témoignage des relations culturelles et commerciales existantes entre les trois groupes ethniques.

[- La main d’Irulegi et le Disque de l’Eyre – voir les focus]**

A ceux mentionnés ci-dessus, il faut ajouter les légendes monétaires des monnaies du territoire basque et des environs. Les légendes suivantes sont généralement attachées à cette zone : kalakoŕikoś (Calagurris – Calahorra), sekia (Segia – Ejea de los Caballeros), bolśkan (Osca – Huesca) et iaka (Iacca – Jaca) parmi celles de localisation connue et arsaos, arsakos, baŕśkunes, bentia(n), olkaiŕun, ontikes, sesars, tiŕsos et unambaate. D’un point de vue linguistique, l’ensemble ne fait partie d’aucune des deux zones bien définies du nord-est de l’Espagne : l’ibère, où les légendes monétaires présentent le suffixe –śken, et la celtibère, qui frappait des pièces avec des légendes en – koś et –kom.

L’élément avec la plus grande probabilité d’appartenance basque est le –n final de la légende bolśkan, qui, grâce à la comparaison avec le nom de la ville d’Osca, peut être isolé comme suffixe ou morphème indépendant, lié au basque inessif ; on retrouve la même relation entre les légendes bentian ~ bentia.

L’écriture

L’écriture paléo-hispanique ayant transmis du matériel linguistique en territoire vascon est l’écriture dite ibérique du nord-est ou levantine, bien qu’avec quelques particularités notables. Le plus frappant est la présence de certains graphèmes uniques ou très peu utilisés dans d’autres régions. L’inscription de monnaie transcrite comme arsaos a comme deuxième signe un R semblable au R latin qui dans les textes ibériques de Narbonne a la valeur de /a/14. La séquence sesars présente en deuxième position un signe en forme d’épi de maïs, également utilisé dans l’épigraphie narbonnaise ibérique, dont la valeur n’est pas encore totalement claire mais qui en tout cas est différente du /e/ noté ici. Enfin, les monnaies oTtikes et uTanbaate ont un signe qui présente la forme d’un T latin dont la valeur n’est pas non plus encore claire, bien que traditionnellement transcrite en /n/. Ces bizarreries paléographiques « indiquent l’existence d’un sous-système d’écriture caractéristique de la région nord-ouest de la moyenne vallée de l’Èbre » (Beltrán et Velaza 2009, 126). D’autre part, le caractère multiculturel de la région basque, perçu dans l’onomastique qui dévoile la présence de différentes origines ethniques, est également apprécié dans l’utilisation de différentes variétés d’écriture. Par exemple, l’ inscription d’Andelo semble être annotée en écriture celtibère.

La matière onomastique vasconique et aquitaine transmise en épigraphie latine utilisait les lettres de l’alphabet latin de l’époque impériale pour exprimer les sons de la langue. Certaines distinctions phonologiques, dont nous supposons qu’elles existaient pour des raisons comparatives n’ont pas atteint l’expression graphique, la plus importante étant la différence entre la sifflante dorso-alvéolaire /s̻/ et la sifflante apicale /s̺/ (respectivement notées en basque au moyen de <z> et <s>), puisque les corrélats du basque gizon « homme » et seme « fils » sont tous deux orthographiés avec un S en aquitain, Gison et Sembe-. A l’inverse, une procédure systématique a été réalisée pour l’annotation des sons affriqués qui, comme nous l’avons vu, fonctionnaient comme les corrélats tendus ou forts des sifflantes fricatives ; en Aquitaine l’usage de X ou XS pour l’annotation des sons affriqués /ts̻/ et /ts̺/ ou palatal /ʃ/, atteint un rang général, tandis que le basque méridional et continental adopte l’orthographe TS : la terminaison –xe du nom aquitain Buaigorrixe (Valentine, Haute-Garonne) s’écrit –tse– dans le nom Heraus-corritse-he (Tardets, Pyrénées-Atlantiques), orthographe également attestée dans le nom Sela(i)tse (Barbarin, Navarre). Cet usage aquitain des lettres X et XS diffère de l’usage gaulois, où il a la valeur phonétique de la fricative vélaire /x/.

Problèmes linguistiques et épigraphiques présentés par la documentation

Problèmes de langue

La documentation conservée de l’aquitain et du vasconique, tant par son caractère fondamentalement onomastique que par sa rareté et le caractère fragmentaire des épigraphes, pose des problèmes de nature diverse.

L’un d’eux concerne la classification linguistique du matériel onomastique.

Les noms propres constituent un ensemble autonome au sein de la langue, car malgré le fait qu’ils présentent généralement des caractéristiques phonétiques et morphologiques typiques de la langue en question, ils sont dépourvus du sens sémantique inhérent au lexique commun de la langue.

Puisque l’union de la forme et du sens est précisément la base sur laquelle repose la méthode comparative dans sa tâche de classification linguistique, le matériel onomastique est particulièrement problématique pour la classification, puisque la forme externe des noms, dépourvue de la restriction imposée par le sens, peut facilement être attribué à plus d’une langue. Ainsi, certains noms de l’Aquitaine novempopulanienne ont été attribués au gaulois, lorsqu’ils sont liés à des termes gaulois ou celtiques. Pour Senicco, Senitenn, etc. on a pensé au gaulois seno– « vieux », pour Oxson au celtique ukso(n) « bœuf » et pour Andoxsus, Andosto à un étymon indo-européen *n̥do-sth-o– « qui est en bas » (Delamarre 2007, 22 et 232 ). Dans de tels cas, pour canaliser correctement la classification, il est nécessaire de prêter attention à la fois aux aspects de la distribution du nom et aux détails de sa formation. De l’analyse d’Andoxus et de dérivés tels que Andosto, Andosten, Andospon, etc. un élément andox– est obtenu (et non un andosto-), ce qui, ajouté au fait que ces noms sont utilisés exclusivement comme noms masculins, conduit à préférer une relation avec des mots basques, tels que ordots « sanglier », bildots « agneau », contenant l’élément *dots « male ». De même, l’identification des suffixes –ten, –bon, inexistants en Gaulois, utilisés dans les noms Senitenn-, Seniponn-, incline à identifier la base seni avec le basque sehi, sein « garçon » (dérivé du proto-basque *seni ) plutôt qu’avec le Gaulois seno– « vieil homme ». Pour relier Oxson au basque otso « loup » et l’affecter à la langue aquitaine, il suffit de considérer la valeur du graphe X, XS à un /ts/ et non à un /χ/ (comme en gaulois), tel qu’on l’apprécie dans l’alternance graphique du suffixe –xe (Buaigorri-xe) / –tse (Herauscorri-tse), commentée ci-dessus.

Parfois, il est impossible de prendre une décision basée uniquement sur des critères linguistiques. Un nom comme Senius peut s’expliquer comme une adaptation au latin du nom aquitain seni ou comme un nomen latin en –ius du gaulois sinos « vieux ». D’autres éléments associés au nom (noms de famille, milieu religieux ou social, etc.) peuvent faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.

Un problème particulièrement difficile est la séparation entre basque et ibère dans la partie espagnole du domaine, car ici le manque de déchiffrement de l’ibère s’ajoute aux problèmes généraux décrits. De plus, la similitude des deux langues dans de nombreux aspects de leur inventaire phonologique n’aide pas non plus, comme l’absence de /p/, /m/ ou r- initial , ce qui les oppose uniformément aux langues celtiques environnantes. En tout cas, dans certains cas chanceux, nous pouvons identifier exclusivement des traits articulatoires vasconiques tels que l’aspiration (représentée par H) ou l’affrication sifflante terminale (cf. Ordunetsi, dat.).

Dans la plupart des cas, la classification linguistique repose sur une conjonction de données de nature différente, à la fois linguistiques et distributionnelles, qui se combinent pour faire apparaître une aire onomastique cohérente dans ses bases, ses éléments et son expansion territoriale. Pour cette raison, les cas isolés des régions éloignées, bien qu’ils puissent présenter extérieurement certaines caractéristiques similaires à celles indiquées pour l’onomastique aquitaine, n’ont pas assez de poids pour élargir le domaine onomastique ; ainsi, par exemple Gaisco, nom documenté dans une inscription récemment trouvée à Osseja, en Cerdagne (Ferrer et al. 2018). Parfois, ce sont des individus déplacés pour diverses raisons, comme dans le cas du soldat de la cohorte III Aquitanorum dont l’épitaphe a été découverte à Ardara, en Sardaigne.

L’ensemble des arguments comparatifs permet de classer l’onomastique aquitaine-vasconique dans le domaine linguistique de la langue basque, de sorte que la langue aquitaine de l’Antiquité a généralement été considérée comme la phase ancienne de la langue basque documentée depuis le Moyen-Age. Ceci est principalement dû au fait que dans le processus comparatif, les similitudes ont prévalu sur les différences, qui existent également. Liée à ce problème se pose la question des relations internes entre la variété vasconique, la variété aquitaine et le basque historique des temps médiévaux et modernes. Ces dernières années, les recherches sur la reconstruction du proto-basque proposent de situer la phase linguistique ancestrale commune à tous les dialectes basques historiques non pas dans une période éloignée et liée à la division tribale pré-romaine, mais dans une période comprise entre l’Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge. Dans cette présentation de la documentation vasconique et aquitaine ancienne nous avons mis en évidence les traits linguistiques unitaires (par exemple, l’alternance des suffixes –so/-se pour la formation des noms masculins/féminins, que nous documentons aussi bien en Aquitaine qu’en Vasconie méridionale), bien qu’il existe également des différences non seulement entre les variétés vasconiques et aquitaines (dans leurs bases onomastiques, dans leur préférence pour la dérivation ou la composition, dans la présence ou l’absence de certains changements, etc.), mais aussi entre les phases antique et médiévale et moderne (Cf. Gorrochategui 2017 ; Lakarra 2018).

Problèmes épigraphiques

Nous avons mentionné précédemment certaines caractéristiques épigraphiques de la documentation, telles que la répartition entre les textes paléo-hispaniques directs et le matériel onomastique secondaire transmis par l’épigraphie latine, avec les caractéristiques de chaque type : chronologie et attestation géographique différentes, grande rareté et textes fragmentaires. On peut maintenant ajouter le caractère non répétitif des textes, ce qui rend la compréhension difficile ; c’est-à-dire qu’il n’y a pas de typologie répétée des textes, comme les tessères d’hospitalité celtique tibérienne ou les épitaphes funéraires ibériques, où des formules et des séquences répétitives peuvent être isolées. Même les légendes monétaires ne constituent pas des ensembles homogènes du point de vue linguistique (comme le sont les légendes celtibères avec des noms en –kos et les légendes ibériques en –sken), mais elles le sont du point de vue iconographique. Il faut également signaler certaines particularités graphiques attestées dans certaines légendes monétaires de la zone vasconique, auxquelles nous avons fait référence précédemment. Dans un premier temps, il faut résoudre la valeur phonétique de l’un d’entre elles (le signe T) puis tenter d’expliquer l’origine et la relation qu’elles entretiennent avec des signes formellement identiques ou similaires utilisés dans d’autres aires épigraphiques, dans le cadre de recherches sur les relations entre les différentes écritures paléo-hispaniques (Ferrer et Moncunill 2019).

L’onomastique aquitaine et vasconique est documentée presque exclusivement sur l’épigraphie lithique de deux types, funéraire et votive, à l’exception de quelques documents uniques comme le bronze d’Áscoli. Les plaques votives en argent d’Hagenbach (Gorrochategui 2003) sont d’un grand intérêt, car elles constituent un ensemble cohérent qui peut probablement être attribué à un sanctuaire spécifique, dont le matériau permet certaines analyses sociolinguistiques. Il convient de noter qu’il n’y a pas de noms indigènes connus attestés dans le registre des graffitis, probablement en raison de carences dues à la collecte et à la publication de ce type de matériel. S’il existe du matériel onomastique sur instrumentum, comme cela se produit dans d’autres aires linguistiques comme le gaulois, des études comparatives pourraient être faites sur la fréquence et la typologie des onomastiques attestées dans chaque type épigraphique.

Fig. n° 4 : plaque votive en argent du trésor de Hagenbach, Allemagne. Texte : D(omino) M(arti) / And/os / Leuri/si / v(otum) s(olvit) l(allant) m(erito).

Édition et publication

Les textes paléo-hispaniques de la région ont été publiés séparément au fur et à mesure de leur découverte, après avoir été récemment rassemblés dans la Banque de Données Hesperia sur les Langues et Epigraphies Paléohispaniques. Les zones épigraphiques les plus connues étant traditionnellement ibériques et celtibères, Untermann a inclus des textes de la zone basque tant dans l’une que dans l’autre (zone E ibérique et K celtibère de sa Monumenta Linguarum Hispanicarum). Hesperia, sans abandonner la répartition entre ces épigraphes majeures, a regroupé ces textes sous une épigraphe unitaire, avec sa propre référence (zone I). Les légendes monétaires sont collectées et mises à jour.

Seules quelques éditions modernes des corpus épigraphiques latins des régions en question existent. Il existe un projet de publication des inscriptions aquitaines dans la collection ILA (Inscriptions Latines d’Aquitaine), où les inscriptions de certaines villes ont été publiées, comme Auch, Dax, Tarbes, mais pas celles correspondant au territoire extrêmement riche des Convenae et des Consorani. Côté hispanique, la deuxième édition du CIL, dans le fascicule consacré au conventus juridici Cesaraugustano, inclura prochainement les inscriptions latines du territoire basque.

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Sources, crédits

Auteur :
Texte de Joaquin Gorrochategui Churruca (EHU) : « Aquitano y Vascónico », Paleohispanica, 2020, n° 20, p. 721-748.
Traduit du castillan par B. Caule (OCG).

Notes :
* NDT. Si l’auteur préfère employer le terme « vasconique », c’est parce que celui de « vascon », en castillan, peut être source de confusion entre la langue des Vascons et celle des Basques (Vascos en espagnol). En français, l’utilisation du terme « vascon » ne pose pas de problème.
** NDT.
1 Mullen 2007;
2 Katičić 1980, 115.
3 BG 1.1.
4 CIL XIII, 412.
5 On s’écarte également du sens donné au terme par Theo Venneman dans ses travaux, qui l’utilise pour désigner l’ancienne langue paléo-européenne responsable d’une bonne partie de la toponymie et de l’hydronymie européennes après la dernière période glaciaire.
6 De Vayres (Gironde), territoire des Bituriges Vivisci, vient un ostracon avec perles de potier (RIG II.2.L-27) et aux Nitiobroges appartenait un torque en or avec le inscription de l’ethnie en lettres grecques Νιτιοβρογεις, trouvée à Mailly-le-Camp (Aube).
7 Alors que les inscriptions ibériques de la côte narbonnaise, entre Ensérune et Perpignan, certains d’entre eux remontent à la fin du s. Se rend. C., sont une partie nucléaire de la territoire ibérique (BDH zone B), les inscriptions de Vieille-Toulouse, peintes sur Les amphores italiques (BDH HGA.01), témoignent de l’incursion du commerce italique vers l’intérieur des Gaules depuis les ports ibériques de la côte.
8 La différence entre l’est et l’ouest de l’Aquitaine se retrouve aussi dans d’autres sphères culturelles, telles que la production de pièces de monnaie et de céramiques de différents types. Voir Hiriart et al. 2018.
9 Wascones vero de montibus prorrumpentes in plana descendunt, vignes agrosques dépopulantes, domus tradentes incendio, nonnullos abducentes captivos cum pecoribus. Contre eos saepius Austrovaldus dux processit, sed parvam ultionem exegit ab eis (Monumenta Germaniae,IX, 7, 363). An 587. « Les Basques descendirent des montagnes dans la plaine, dévastèrent des villes, des champs, incendièrent des maisons et firent quelques captifs avec leurs troupeaux. Le duc Austrevald s’est souvent opposé à eux, mais n’a guère réussi à se venger. »
10 W. von Humboldt, Prüfung der Untersuchungen über die Urbewohner Hispaniens (Revue des recherches sur les premiers habitants de l’Hispanie – 1821).
11 A. Luchaire, « Les Origines linguistiques de l’Aquitaine », Bul. Sciences sociales, Lettres et Arts de Pau, 1876/7, 349-423, suivi plus tard des Études sur les idiomes Pyrénéens de la région française, Paris 1879 (facsim. Genève 1973).
12 U. Schmoll 1959: Die Sprachen der vorkeltischen Indogermanen Hispaniens und das Keltiberische, « Mit anderen Worten : die massgebliche Schicht der Bevölkerung Vaskoniens guerre indo-allemande. Die vaskonischen PN, die Gómez Moreno Misceláneas, S. 239f. chapeau zusammengestellt, gehören in grosser Mehrzahl zu dieser idg.-keltischen Schicht. Aquitanisch-baskische (auskische) oder iberische Namen fehlen nicht völlig, sind aber mit einer Spärlichkeit vertreten, die nur den Schluss zulässt, dass diese Schicht weitgehend guerre zurückgedrangt. Dies ist zugleich ein Beweis dafür, dass das heute in diesen Gebieten herrschende Baskentum im wesentlichen auf spätere Einwanderung aus Aquitanien zurückgeht » (p. 25, n. 1).
13 Alors que Schmoll supposait qu’il existait une ancienne couche euskara qui a subi une indo-européanisation ultérieure, pour être ravivée à la fin de l’Antiquité, Villar défend, à partir d’une analyse étymologique des anciens noms de lieux, la très ancienne nature indo-européenne de toute la péninsule nord, en fait de tout le refuge cantabrique-pyrénéen dans le dernier maximum glaciaire, de sorte que les témoignages basques de l’époque romaine sont les signes d’une incursion relativement moderne.
14 Formellement, il admet aussi une comparaison avec le double signifiant ibérique marqué étendu.

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– Villar F., Prosper B., 2005 : Vascos, celtas e indoeuropeos. Genes y lenguas, Salamanque.
> Et de nombreux travaux scientifiques disponibles ici.

Crédits :
– Cartes : J. Gorrochategui.
– Figure 1 : Musée de Navarre. Photo : J. Gorrochategui.
– Figure 2 : CIL, XII, p. 4316.
– Figure 3 : CIL, XIII, p. 174.

Dernières modifications : mai 2023