Loyautés politiques partagées de 1350 à 1490

Journées d’étude internationale.

Au Moyen Âge, la loyauté se distingue de la « foi » et de la « fidélité » par sa dimension juridique, même si la notion garde bien sûr une dimension concrète et religieuse. L’homme loyal est celui qui est fidèle à un engagement légal. Parmi tous les engagements légaux, la cérémonie de l’hommage est sans doute un des éléments structurants de la société médiévale. Pourtant, la loyauté qu’elle implique cause souvent des soucis, dès lors qu’elle rentre en conflit avec d’autres fidélités, ou avec ce que l’on considère comme son « bon droit ». La littérature médiévale regorge de récits de loyautés mises à l’épreuve, tiraillées.

Les loyautés partagées existent bien avant la fin du Moyen Âge : on a même inventé l’hommage lige pour tenter – sans succès – de les résoudre. Mais en France comme dans les pays voisins (Angleterre, Navarre, Castille), la question ne se pose jamais avec autant d’acuité que pendant la Guerre de Cent Ans. C’est l’époque des conflits fratricides, de la guerre civile de Castille (1351-1369) à la guerre entre Bourguignons et Armagnacs (1407-1435) ou la guerre des Deux roses (1455-1485). Les loyautés sont aussi partagées dans le cadre de conflits internationaux, comme le schisme pontifical (1378-1418) ou la guerre franco-anglaise. Les cas de seigneurs ou d’autorités urbaines qui naviguent entre les camps sont très nombreux, entre retournements de veste (cinq fois en cent ans pour les Albret) et stratégies familiales complexes pour plaire aux deux camps (chez les Grailly par exemple).

Face à ces conflits, de nouveaux liens de patronage politique apparaissent, sous la forme d’un « bastard feudalism » qui prend diverses formes selon les contextes nationaux. En France, comme l’a montré Peter Lewis, le phénomène s’accélère dans les années 1380, et provoque de plus en plus de conflits de loyautés, surtout à une époque où la monarchie a des intérêts qui s’opposent à ceux des grands féodaux.

Cette journée d’études a pour but de mieux comprendre comment ces loyautés partagées s’articulent avec les luttes de faction – certains ont même parlé de partis politiques – dans un Moyen Âge grandement acquis aux théories organicistes qui ne conçoivent le peuple que comme un seul corps devant obéir à un roi-tête, qui critiquent toute division d’opinion et qui condamnent tout ‘parti’ comme séditieux. Il s’agit d’inscrire les recherches dans une dimension comparative entre différentes régions, et de se décentrer du tropisme parisien trop présent dans les études sur le sujet en France, pour voir la manière dont la vie partisane a pu s’exprimer ailleurs en France.

📅 du 25 et 26 septembre 2024

📍 Pau

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